Casse-tête n°3 : une moyenne bien entourée

Author

Kévin Polisano

Published

July 16, 2014

On m’a récemment suggéré un joli problème tiré des OIM 2014 qui ont eu lieu le 8 juillet dernier. L’énoncé est le suivant :

Note

Soit a0<a1<a2<... une suite infinie d’entiers strictement positifs. Prouver qu’il existe un unique entier n1 tel que an<a0+a1+...+annan+1

J’ai cherché en vain une jolie solution géométrique en réécrivant le problème comme suit : nan<a0+a1+...+annan+1

en voyant les a0,a1,...,an comme des rectangles de largeur 1 et de hauteur ai, et nan le “gros rectangles” qui les englobent.

Cette écriture m’a ensuite suggéré de retrancher n fois le an  (comme on fait souvent pour démontrer Césaro en redistribuant une valeur sur chacun des termes) :

0<a0+(a1an)+(a2an)+...+(an1an)n(an+1an)

Mais là ça me plaisait moyen parce que les termes (aian) étaient négatifs (puisque la suite est strictement croissante). Qu’à cela ne tienne on les vire de l’autre côté des inégalités :

(ana1)+(ana2)+...+(anan1)<a0 a0(ana1)+(ana2)+...+(anan1)+n(an+1an)

Bon et là je pensais faire intervenir une suite auxiliaire croissante et espérer voir apparaître un truc intéressant de part et d’autre, mais non :D

Pourtant je sentais qu’il y avait de l’idée en reformulant le problème par l’encadrement de la valeur a0 avec une suite croissante… Alors je refais marche arrière, et cette fois-ci ce n’est pas les an que je déplace, mais les a1+...+an=k=1nak :

nan<a0+a1+...+annan+1nank=1nak<a0nan+1k=1nak

A gauche on peut faire sauter un des an puisqu’il s’annule avec celui de la somme :

(n1)ank=1n1ak<a0nan+1k=1nak

C’est maintenant qu’on fait rentrer les an dans la somme ! :)

k=1n1(anak)<a0k=1n(an+1ak)

Ca y est on tient le bon bout ! Si je note bn=k=1n1(anak) alors on a :

bn<a0bn+1

Une fois le problème reformulé via cette suite auxiliaire, la résolution devient très simple :

En effet puisque la suite (an) est strictement croissante, on a : bn+1bn=k=1n(an+1ak)k=1n1(anak)=an+1an+k=1n1[(an+1ak)(anak)]=an+1an+k=1n1(an+1an)=n(an+1an)>0

Donc la suite d’entiers naturels (bn) est strictement croissante également, avec pour premier terme b1=0.

Ainsi une fois l’entier a0>0 fixé, il existe un unique rang n tel que bn<a0bn+1

CQFD.